Michel Polnareff: Je suis un homme!

"Même dans des pays où je ne suis pas connu, je dégage quelque chose de provocant qui attire l’attention. Ce ne sera pas forcément des embrouilles, mais des gens se poussent du coude. J’imagine que c’est ce qu’on appelle du charisme… A l’époque, on était persuadé que j’étais homo, je me faisais traiter de « sale pédé » dans la rue. C’est pour cela que j’ai écrit Je suis un homme. Je représentais peut-être quelque chose pour des mecs qui étaient homos sans le savoir et que cela dérangeait. Ça mériterait une étude psychanalytique... Ça fait chier de se faire traiter de pédé quand on ne l’est pas. Et de se faire taper dessus encore plus. J’ai expérimenté le gay bashing avant l’heure. Plus tard, j’ai eu aussi la réputation d’être homophobe ! J’ai un peu renoncé à comprendre.
S’il y a quelque chose qu’aucun individu ne supporte, c’est l’indifférence. Les gens préfèrent une guerre, parce qu’au moins il y a contact. L’agression est une forme d’amour. Mais l’absence de contact rend les gens fous. Ceux qui ne m’aimaient pas à l’époque pensaient que j’étais complètement indifférent à eux. Mes lunettes étaient perçues comme un refus de contact, un signe de supériorité. Parfois on se jetait sur moi pour arracher mes lunettes : « Tu vas me regarder ! » Mais j’avais ce problème de myopie, des yeux excessivement fragiles. Sur scène, même aujourd’hui, alors que l’opération a réussi, je ne pourrais pas être sans lunettes, c’est impossible."